Les risques et opportunités de l’IA en matière d’emplois inclusifs

Cette semaine, nous souhaitons attirer votre attention sur les risques et opportunités de l’Intelligence Artificielle (IA) en matière d’emplois inclusifs. Dans une étude publiée au mois d’août, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) révèle que 5,5 % de l’emploi dans les pays à revenus élevés est potentiellement exposé aux effets d’automatisation des tâches induits par l’IA générative, à l’image de […]

20 octobre 2023

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Cette semaine, nous souhaitons attirer votre attention sur les risques et opportunités de l’Intelligence Artificielle (IA) en matière d’emplois inclusifs.

Dans une étude publiée au mois d’août, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) révèle que 5,5 % de l’emploi dans les pays à revenus élevés est potentiellement exposé aux effets d’automatisation des tâches induits par l’IA générative, à l’image de ChatGPT. Plutôt que de détruire des emplois, ces innovations devraient plutôt en changer la nature, notamment en matière d’intensité de réalisation des tâches et d’autonomie. Les femmes, surreprésentées dans les emplois de bureaux, sont deux fois plus susceptibles que les hommes d’être affectées par ces évolutions (ONU Info). Sur la base de l’étude de l’OIT, le média Contrepoints avance que l’IA générative est une opportunité à saisir, car elle permettrait de créer de nouveaux emplois : Chief Data Officer, Cogniticien, Responsable de l’éthique de l’IA, etc. De son côté, Goldman Sachs affirme que 300 millions d’emplois risquent d’être affectés par l’automatisation des tâches en Europe et aux États-Unis (Euronews, juin).

Quel sera l’impact de ces évolutions sur l’inclusion ? Dans notre veille du 26 janvier 2023, nous avions mis en lumière les risques de discrimination liés à l’utilisation de l’IA dans le recrutement. Cet article de Forbes explore à l’inverse les potentialités de l’IA pour un recrutement inclusif. À titre d’exemple, la plateforme de recrutement Hackajob fait la promotion d’outils fondés sur l’IA permettant d’une part d’identifier les biais dans les offres d’emploi et, d’autre part, de favoriser la diversité des candidats. Parmi les technologies utilisées : la collecte de données, la conception de modèles, l’évaluation régulière et l’intégration de lignes directrices éthiques.

D’autres entreprises utilisent des logiciels d’IA pour retirer certaines informations des CV avant que ceux-ci n’arrivent devant le recruteur : nom, âge, photo, nationalité, etc. Certaines technologies permettent même au candidat de déterminer en amont de l’entretien s’il souhaite le réaliser en format classique ou non-standard s’il a des besoins particuliers.

Pour autant, la question des biais de conception dans l’IA reste entière. Le cas d’Amazon est emblématique : l’entreprise utilisait une base de données préexistante pour former son IA à la sélection de candidats. Parce que les hommes avaient préalablement été favorisés pour certaines catégories d’emploi, le logiciel a reproduit ce biais dans ses prises de décision. Jennifer Opal, ingénieure en informatique, avance dans l’article de Forbes que la manière de contrer ces biais est « d’impliquer les minorités dans la construction de systèmes d’IA qui pourraient les impacter le plus. […] Aujourd’hui, les femmes noires ne représentent que 0,7 % du secteur. »

Plusieurs initiatives existent pour remédier au manque de diversité dans le secteur de la Tech. La Microsoft AI School propose un programme de formation à l’IA qui vise à réduire l’écart entre les hommes et les femmes et à introduire de nouveaux talents dans la main-d’œuvre numérique européenne. Créée en 2018, l’école s’attache à aider les femmes, les réfugiés, les personnes handicapées et les personnes en transition de carrière à entrer dans le monde de l’IA. De son côté, Deloitte a lancé l’initiative Women in AI, qui vise à renforcer la sensibilisation aux répercussions découlant de la représentation insuffisante des femmes dans le domaine de l’IA (Techopedia).

Au-delà des questions de représentation, de recrutement et de conception, l’IA peut être un allié dans l’inclusion des personnes en situation de handicap. C’est ce qu’avance Laurie Henneborn, Directrice de recherche chez Accenture, dans cet article de la Harvard Business. Vivant elle-même avec une sclérose en plaques, elle témoigne des bénéfices de l’IA dans son activité, qu’elle qualifie aujourd’hui de « copilote » pour l’accompagner dans ses tâches. Elle rappelle qu’aujourd’hui dans le monde, le taux de chômage des 386 millions de personnes en âge de travailler vivant un handicap est de 80 % (Nations Unies). Dans le même temps, 76 % des personnes en situation de handicap qui ont un emploi le cachent à leur employeur. L’IA serait un allié pour remédier à ce phénomène, et de nombreuses initiatives existent déjà, à l’image d’OurAbility, une plateforme de recrutement alimentée par l’IA qui utilise la technologie des chatbots pour aider les chômeurs en situation de handicap à trouver et à obtenir des opportunités d’emploi.

Néanmoins, le numérique est loin de remplir ses promesses en matière d’inclusion, estime Laurie Henneborn. Moins de 3 % des sites internet sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Pour remédier à ce problème, Accenture propose aux entreprises de construire des technologies d’IA sur des « principes de conception centrés sur l’humain ». Cette approche consiste à prendre en compte l’ensemble des personnes pour lesquelles la technologie est pensée, dans la diversité de leurs besoins, avant même de la développer. Dans la pratique, une IA inclusive prendrait en compte les critères suivants :

Faciliter la navigation au clavier : les concepteurs peuvent se fonder sur les recommandations de compatibilité de la Web Accessibility Initiative (WAI). Par exemple, le chatbot Let’s Talk de ChatGPT est une extension qui ajoute des raccourcis clavier à l’interface, ce qui permet aux utilisateurs de parler et d’entendre des réponses générées par l’IA sur le site ;

Utiliser du texte alternatif : une interface audio permet par exemple aux utilisateurs malvoyants d’obtenir des descriptions contextuelles pour avoir accès au contenu. Par exemple, le bot Framework de Microsoft pour les développeurs fournit des lignes directrices et des fonctionnalités d’insertion de textes alternatifs.

Développer une interface à commande vocale/parole à texte : ce dispositif permet aux personnes souffrant d’un large éventail de handicaps (mobilité ou handicap moteur, visuel, cognitif ou physique) d’interagir avec l’IA générative. Par exemple, Dialogflow de Google est intégré à l’API Google Cloud Speech-to-Text, ce qui permet aux développeurs de créer des chatbots qui prennent en charge les entrées vocales.

Source : Institut du Capitalisme Responsable

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